La Journée mondiale des sourds est une journée internationale consacrée à la sensibilisation sur la surdité et la présentation de la culture sourde dont la langue des signes. En France, on compte 5 à 7 millions de personnes concernées par des difficultés d’audition.
QU’EST-CE QUE LA PERTE D’ACUITÉ AUDITIVE OU SURDITÉ ?
La perte d’acuité auditive, appelée surdité ou hypoacousie, est la diminution de la capacité à percevoir les sons (diminution de l’ouïe). On parle aussi de baisse de l’audition. En l’absence de prise en charge, elle peut être gênante dans la vie de tous les jours.
Chez l’enfant, une surdité qui n’est pas détectée très tôt a un impact sur le développement du langage.
Chez l’adulte et la personne âgée, la baisse de l’audition conduit peu à peu à l’isolement et à la perte des stimulations essentielles pour préserver les facultés intellectuelles.
La perte d’acuité auditive peut être temporaire ou irréversible. Elle survient brutalement ou progressivement et atteint une oreille ou les deux. Elle est isolée ou s’accompagne d’autres signes : écoulement de l’oreille, vertiges, acouphènes, fièvre…
Une baisse de l’audition plus ou moins grave
Le niveau global de surdité est calculé sur l’oreille qui entend le mieux. La surdité est calculée en décibels de perte auditive. Ainsi on définit :
- la surdité légère : de 20 à 39 décibels de perte auditive. La personne fait répéter son interlocuteur dès la perte de 30 décibels, sur les sons aigus ;
- la surdité moyenne : de 40 à 69 décibels de perte auditive. Le niveau de 40 décibels est le premier niveau majeur de handicap. En effet, la personne ne comprend que si son interlocuteur élève la voix ;
- la surdité sévère : de 70 à 89 décibels de perte auditive ;
- la surdité profonde : de plus de 90 décibels de perte auditive. La personne n’entend plus du tout la parole.
Hypoacousie : un problème fréquent
Plus de 10 % de la population française serait confrontée à une perte d’acuité auditive ou baisse de l’audition. Seulement 17 % des personnes atteintes ont un appareil auditif.
Un enfant sur mille naît sourd profond. À 3 ans, 3 enfant sur 1000 ont une surdité sévère ou profonde. 12 à 18 % des enfants ont une otite séreuse durable dans les cinq premières années de leur vie, otite qui peut être responsable d’une perte auditive.
LES TYPES DE SURDITÉ ET LEURS CAUSES
Il existe deux types de surdité : la surdité de transmission et la surdité de perception.
Les surdités de transmission et leurs causes
La surdité provient d’un problème de transmission du signal sonore dans l’oreille externe (partie apparente de l’oreille) ou moyenne (partie située entre l’oreille externe et interne).
Les principales causes de la surdité sont :
- une malformation congénitale de l’oreille ;
- un blocage mécanique : présence de liquide derrière le (suite à des otites à répétition ou à une otite séreuse chronique), obstruction du conduit auditif externe par un bouchon de cérumen ou un corps étranger… ;
- des séquelles d’un traumatisme de l’oreille moyenne ;
- une dégénérescence des osselets de l’oreille moyenne (otospongiose).
Anatomie de l’oreille
Les surdités de perception et leurs causes
Les surdités de perception sont des anomalies de la transformation du signal sonore en et de l’« interprétation » de ce signal par le cerveau.
Elles sont liées à des maladies de l’oreille interne, très fragile.
Les causes sont alors :
- une surdité génétique diagnostiquée au cours du dépistage néonatal,
- la maladie de Ménière, due à une augmentation de la pression dans le labyrinthe, d’origine inconnue. Elle est à l’origine de crises de vertiges intenses et rotatoires, qui durent d’une vingtaine de minutes à quelques heures. Ces crises s’accompagnent de nausées et de vomissements importants, d’acouphènes et d’une perte d’acuité auditive. La maladie évolue vers des lésions chroniques du labyrinthe responsable de vertiges chroniques, de troubles de l’équilibre permanents et d’une surdité progressive,
- certains médicaments toxiques pour l’oreille interne (certains antibiotiques par exemple),
- une exposition aux bruits intenses,
- un traumatisme de l’oreille interne (traumatisme direct ou traumatisme barométrique lors d’une plongée par exemple),
- une cause vasculaire ou virale avec surdité unilatérale de survenue brutale,
- une infection de l’oreille interne par propagation d’une otite ou survenant lors des oreillons ou d’une méningite par exemple ;
- parfois à une atteinte du nerf auditif : par exemple présence d’un neurinome de l’acoustique (tumeur bénigne) sur le nerf auditif. La surdité unilatérale est associée à une paralysie faciale ;
- rarement à une atteinte des voies auditives du cerveau.
SURDITÉ DE L’ENFANT : LES SIGNES QUI DOIVENT VOUS ALERTER
Chez l’enfant, la surdité peut être présente dès la naissance ou survenir plus tard.
Dépistage néonatal de la surdité
Les nouveau-nés bénéficient le plus souvent d’un dépistage néo-natal qui permet de diagnostiquer la surdité.
Ce dépistage comprend :
- Un examen de repérage des troubles de l’audition, proposé avant la sortie du nouveau-né de la maternité. Ce repérage doit permettre de savoir s’il est nécessaire de réaliser des examens plus poussés.
- Des examens réalisés avant la fin du troisième mois du nourrisson, quand l’examen de repérage n’a pas pu avoir lieu ou n’a pas permis d’apprécier les capacités auditives de l’enfant.
Comportements de l’enfant évoquant une baisse de l’audition
La surdité, qu’elle soit congénitale ou acquise (otite séreuse chronique par exemple), gêne les acquisitions de la parole et entraîne des troubles du comportement ; ces troubles doivent vous alerter et vous amener à consulter votre pédiatre.
De 3 à 12 mois
- Les sons émis par votre enfant ne sont pas mélodiques.
- Votre enfant ne babille pas.
- Il ne réagit pas lorsque vous l’appelez.
De 12 à 24 mois
- Votre enfant ne dit aucun mot.
- Il communique avec des gestes.
- Il est inattentif à ce qui n’est pas dans son champ visuel.
- Il émet des sons inconnus et incontrôlés.
De 24 à 36 mois
- Votre enfant ne parle pas, le langage ne se met pas en place.
- Il s’isole ou, au contraire, il est agité.
Après trois ans
- Votre enfant ne parle pas ou parle de façon incompréhensible.
- Il souffre de troubles du comportement (agitation, isolement, agressivité…).
- Il a des difficultés d’apprentissage à l’école.
Je consulte mon pédiatre ou mon médecin
- Si mon enfant régresse vocalement.
- S’il n’articule pas.
- Si son comportement se modifie : il devient agressif et a peur, surtout la nuit.
Un bilan auditif est peut-être nécessaire.
SURDITÉ DE L’ADULTE : LES SIGNES QUI DOIVENT VOUS ALERTER
Certains comportements peuvent être le signe d’une perte de l’acuité auditive :
- Vous tournez la tête pour écouter avec la bonne oreille.
- Vous faites répéter votre interlocuteur.
- Vous avez peur de mal comprendre.
- Vous vous sentez mal à l’aise en société.
- Votre entourage ne sait plus si vous n’avez pas entendu ou si vous n’avez pas voulu entendre.
Entendez-vous bien ? Testez-vous !
Vous pouvez tester votre acuité auditive en répondant au questionnaire ci-dessous :
- Au téléphone, comprenez-vous difficilement les noms propres et les nombres (adresse, numéro de téléphone) ?
- Avez-vous du mal à suivre une conversation dans un lieu bruyant ?
- Peinez-vous à suivre la conversation lorsque plusieurs personnes parlent à la fois ?
- Augmentez-vous souvent le son de la télévision et de la radio ?
- Devez-vous faire un effort pour suivre une conversation ?
- Faites-vous parfois répéter vos interlocuteurs ?
- Avez-vous l’impression que les personnes articulent mal ?
- Répondez-vous parfois à côté car vous n’avez pas saisi la question ?
- Avez-vous des problèmes pour comprendre les enfants ?
- Au cinéma, avez-vous du mal à comprendre les films étrangers en version française ?
- Avez-vous du mal à entendre la sonnerie de la porte ou du téléphone ?
- Dans la rue, êtes-vous parfois surpris par l’arrivée d’un véhicule ?
- Avez-vous du mal à comprendre dans l’obscurité ?
- Dans la nature, entendez-vous mal le bruissement des feuilles ou le chant des oiseaux ?
Si vous avez répondu « oui » à trois, ou plus, de ces questions, vous avez peut-être une perte de l’audition, consultez votre médecin traitant.

L’EXAMEN ET LE BILAN DE PERTE AUDITIVE
S’il suspecte une surdité, votre médecin traitant vous oriente vers un médecin ORL (Oto-rhino-laryngologiste).
Ce dernier procède alors à un examen clinique.
Des examens complémentaires spécialisés sont indispensables :
- pour quantifier la perte d’acuité auditive : audiométrie, mesure des potentiels évoqués auditifs (analyse objective électrique de l’audition)…
- pour en rechercher la cause : scanner, IRM…
LE TRAITEMENT DE LA SURDITÉ
En fonction de l’origine de la surdité, le médecin propose un traitement qui peut, dans certains cas, corriger, ralentir, voire stopper, la progression de la baisse auditive.
Le traitement de la surdité peut être médical (ablation d’un bouchon de cérumen, prescription de médicaments vasodilatateurs…) ou chirurgical (pose de drains trans-tympaniques, chirurgie du et des osselets de la caisse du …) ;
Si la perte auditive est permanente et suffisamment importante pour entraîner une gêne dans la vie quotidienne, un support auditif peut être envisagé : appareillage par prothèses auditives ou pose d’un implant cochléaire (appareil électronique inséré dans l’oreille interne relié à un microphone posé derrière le pavillon de l’oreille).
Le remboursement des prothèses auditives par l’Assurance Maladie
Vous avez une baisse de l’audition ? Sachez que vos prothèses auditives et leurs accessoires prescrits par votre médecin sont remboursés selon le tarif de base de l’Assurance Maladie. La prise en charge dépend de votre âge, de vos handicaps et des prothèses choisies.
LA VIE AU QUOTIDIEN POUR LES PERSONNES MALENTENDANTES
En cas de surdité importante, des aides techniques permettent d’améliorer la communication au quotidien :
- les flashes lumineux permettent d’être avertis (porte d’entrée, avertisseur de sonnerie, d’alarme…) ;
- les réveils vibrants ou lumineux ;
- les sous-titrages permettent de suivre la télévision ou les films (au cinéma ou sur DVD) ;
- la boucle magnétique facilite la réception des appareils auditifs ;
- le surtitrage équipe certaines salles de spectacle ;
- différents moyens de communication écrite ou vidéo (sms, courriels…) remplacent le téléphone ;
- des visioguides ou visiophones sont proposés pour des visites guidées sous-titrées ou en langue des signes ;
- un sous-titrage des émissions ou films ou leur traduction simultanée en langage des signes.
Des séances de rééducation orthophonique sont indispensables pour les enfants qui ont des troubles du langage dus à leur surdité. Elles peuvent être utiles pour apprendre à lire sur les lèvres.
L’apprentissage de la langue des signes est proposé en cas de surdité sévère ou profonde.
Vous avez des questions à poser sur la surdité ?
Contactez le centre national d’information sur la surdité au 0 812 040 040 ou en accueil visiophonique en langue des signes.
Vous êtes parents d’un enfant sourd ou malentendant ? Vous avez perdu l’audition ? Si vous avez besoin d’avoir de l’aide concernant vos droits et les démarches à accomplir, différentes structures et professionnels sont là pour vous accompagner dans ce parcours. Pour vous informer ou pour en savoir plus sur les premiers signes d’alerte de la baisse de l’audition consultez surdinfo, le site du centre national d’information sur la surdité.
Pour trouver des conseils vous aidant à vivre à domicile avec votre handicap auditif, consultez le portail national d’information pour les personnes âgées et leurs proches.
source: ameli.fr